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Procédure Pénale









































 La simplification de la procédure pénale







          Emprunté au latin médiéval Simplificare (de simplex, simple et facere, faire), « Simplifier » est aujourd'hui le mot
          d'ordre des pouvoirs publics. Trait d'union entre l'infraction et la sanction infligée à son auteur, la procédure pénale
          ne pouvait pas se dérober à cette vague de simplification tant la justice répressive est souvent perçue comme com-
          plexe, inaccessible, lente, opaque, mouvante et très peu proactive. Aussi, après avoir scruté les maux dont souffre
          notre procédure pénale (I), il conviendra de scruter les remèdes proposés au profit d'un service public de la justice
          plus efficace, plus adapté aux besoins de ses acteurs (enquêteurs, magistrats, justiciables et leurs conseils) et pleine-
          ment respectueux des principes directeurs du procès équitable qui transcendent les évolutions conjoncturelles (II).


          I – Aux grands maux…

          De tous horizons (magistrature, avocature, police et gendarmerie, syndicats et associations professionnelles, simples
          justiciables) jaillit une complainte unanime et récurrente : la justice pénale et la procédure qui la gouverne seraient
          devenues avec le temps une sorte de grand corps malade. Cette maladie affecterait aussi les services d'investigation
          – 2 600 officiers de police judiciaire ont renoncé à leur accréditation en 2017 – dans lesquels les postulants ne sont
          guère plus nombreux que les postes à pourvoir. D'où viennent ces maux autant embarrassants que paralysants (A),
          et comment expliquer leur persistance (B) ?


          A – Les racines du mal

          À l'occasion du lancement des « chantiers de la justice » en octobre 2017, le Premier ministre Édouard Philippe
          déclarait que « la procédure pénale protège bien sûr. Mais elle pèse aussi, parfois de manière démesurée, sur le quotidien
          des forces de l'ordre, des parquets et des juges du siège ». À bien y regarder, l'affection dont souffre la procédure pénale
          trouve d'abord son origine dans la pesanteur douloureuse qui transforme chaque jour davantage l'enquêteur en
          simple greffier. Aujourd'hui, un enquêteur consacre environ deux fois plus de temps à la rédaction des procédures
          qu'à l'investigation, autant dire que ce qui faisait le sel du métier se réduit à présent à une peau de chagrin. Le malaise
          policier et la crise des vocations qu'il entraîne dans son sillage, s'expliquent également par d'autres considérations
          comme le sentiment largement partagé d’une réponse judiciaire insuffisante, singulièrement dans le domaine du



                                                                                              mars 2019 ⁄ n° 335 ⁄ p. 11
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