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Dossier PN/GN                                                                       Dossier PN/GN






 Juin 2018 ⁄ n°  332 ⁄ P. 6  Introduction   er                    L’exemple de Sivens est également symptomatique.
 Dans un article du JDD du 1  avril (indiscret politique) faisant suite à l’organisation de la cérémonie en l’honneur de
 Colonel Beltrame, il est possible de lire :
                                                                  Le DGGN Denis Favier s’est rendu sur les plateaux
 « Le Président aime ces militaires : "Le gendarme est fidèle, taiseux et loyal", a-t-il estimé cette semaine en privé ». En février,
                                                                  télé, en uniforme avec ses décorations soutenir ses
 Macron avait même remplacé les CRS qui montaient la garde devant sa villa du Touquet, lesquels s’étaient publiquement
                                                                  hommes, déclarer qu’il n’y aurait pas de sanctions.
 plaints de leurs conditions de travail difficiles, par des gendarmes mobiles. »
                                                                  Ce dernier s’est placé en bouclier, en vrai chef et a
 De la même façon, le ministre de l’Intérieur formulait lors de sa présentation de ses vœux à la DGGN le 03/01/2018 :   ainsi, accru son aura bien au-delà de son institution.
 « Ceux qui composent la grande famille de la Gendarmerie sont à leur manière des héros ».
 Si ces déclarations s’inscrivent dans un contexte post attentat, elles demeurent significatives et reflètent, in fine, l’état
 d’esprit de la grande majorité de la classe politique, que la Gendarmerie Nationale a su choyer par une proximité et
 une communication sans commune mesure avec celle de la Police Nationale.
          B/ Une cohésion basée sur un ascenceur social exemplaire
 En 2009, quand la Gendarmerie Nationale rejoint le ministère de l’Intérieur, tout le monde se demande quel est
 l’avenir de cette force militaire. Le Sénat planche sur le sujet et les parlementaires, réservistes citoyens de la Gendar-
 merie, Colonel et Lieutenant-colonel mettent tout en œuvre pour offrir des garanties solides pour l’avenir.   Gendarmerie Nationale
 Bon an mal an, tout se passe bien. Certes des tensions existent parfois ; mais globalement les deux forces ont réussi   et ascenseur social :
 leur cohabitation, sur le terrain notamment, où les hommes et les femmes des deux forces travaillent au quotidien,   des perspectives
 parfois ensemble mais souvent, trop souvent, côte à côte, ou pire dans une concurrence cachée.
            inégalées
 Sous l’ère Sarkozy et la baisse drastique des effectifs des deux forces, la Gendarmerie délaisse ses territoires et
 mutualise la « misère » à travers une réorganisation territoriale forcée pour maintenir son engagement dans les pôles
 d’excellence.
 Le pouvoir politique, conscient de l’intérêt financier a tenté de mettre en commun les moyens. Les rapports parlemen-
 taires se succèdent dans ce sens mais l’évolution reste marginale, les technostructures des deux forces préservant
 leur pré carré.
 Malgré son coût pour la société supérieur de 29,75% à celui de la Police Nationale (*Chiffre PAP 2018, budget sécurité) :

 •  Budget gendarmerie 2017 : 8 814 594 677 euros pour 100 192 ETPT soit 87 977 euros par personnel de la
 Gendarmerie.
 •  Budget police : 10 493 730 515 euros pour 149 079 ETPT soit 70 390 euros par personnel policier.

 Présente sur tous les tableaux, elle sait mettre en évidence ses atouts et investit tous les secteurs qui présentent un   Les différentes mesures : Pagre, Pagre rénové, nouvelles mesures de gouvernance pour les officiers, ont favorisé
 intérêt médiatique pour le futur, quitte à délaisser sa mission générale.  l’ascenseur social dans la gendarmerie à travers un dispositif de parcours de carrière sans commune mesure avec
          les différents dispositifs existants dans la PN.
 Loin d’être pénalisée par son statut militaire, elle en a profité. Elle a également su intégrer les avancées de la fonction   Aujourd’hui :
 publique et notamment celles obtenues par les organisations syndicales la Police Nationale.
          1.  87 à 92 % des officiers sont issus du rang depuis 2012. (Recrutement direct ou semi direct) *chiffres extraits du
 Aujourd’hui, dix ans après son arrivée au sein du ministère, elle a marqué des points. Comment ? Pour quelques   rapport sur la condition miliaire 2017.
 raisons ? Nous allons dans notre analyse essayer de dégager quelques pistes, non pas dans un esprit de chapelle,
 mais pour construire, fort de ce constat, une sécurité mieux organisée et plus efficace pour nos concitoyens.  2.  56 % des lieutenants colonels sont issus de l’interne.
          3.  31,5  % des colonels sont également issus de l’interne (Dans la PN si 50  % des commissaires divisionnaires
 I/ Une Gendarmerie plus forte pour de multiples raisons  sont issus de l’interne, la grande majorité émane du corps de commandement et non du corps d’encadrement et
            d’application).
 Dans le numéro de janvier de l’Essor, des personnalités apportaient leurs regards sur la Gendarmerie. Toutes sou-
 lignaient comme avantage une forte cohésion. Cette force se construit sur des mécanismes simples mais efficaces.   Cet ascenseur professionnel, basé sur une formation permanente, une prise en compte des acquis de l’expérience,
          favorise un dynamisme et une cohésion exemplaire.
 A/ Une cohésion sans faille générée par un commandement unique   Le général Lizurey déclarait récemment devant la commission d’enquête du sénat relative à l’état des forces de sé-
 Le DGGN, chef des gendarmes, recruté au grade de lieutenant, reconnu par ses pairs est le premier défenseur de   curité :
 l’institution et de ses personnels. Comme l’ensemble de ses proches collaborateurs, son parcours varié, son ascen-  « Les relations avec le commandement se sont améliorées. Il y a une cohésion dans l'institution qui transcende les corps. Trois
 sion et une carrière dédiée à la Gendarmerie Nationale, lui permettent de connaître tous les arcanes de son institu-  quarts des officiers viennent du corps des sous-officiers. Cette cohésion globale est un antidote face à des difficultés opéra-
 tion, mais surtout les besoins de ses personnels.   tionnelles réelles. »
 Lors de ses interventions, auprès des élus et du pouvoir exécutif, il est le porte-parole de l’ensemble de ses effectifs.   Ce corps de cadres unis, au recrutement diversifié, est formé sur un seul site, l’école des officiers de la Gendarmerie
 Un des derniers exemples en date est celui de la remise en cause du PPCR et des ratios d’avancement. Le général   Nationale à Melun, socle d’une homogénéité du commandement. Si la détection des forts potentiels, associée à une
 Lizurey s’est déplacé en personne à Bercy afin que soient respectés les accords sociaux signés. Il a obtenu immédia-  formation continue pointue, permet de former les futurs responsables de la Gendarmerie, ceux-ci pourront toujours
 tement les ratios d’avancement. Pour la Police, à contrario, tout fut plus compliqué et le ratio appliqué aux officiers de   s’appuyer sur une communauté de valeurs et de références. Ce socle commun les aidera à gérer ensemble les diffi-
 police n’a été connu que près de trois mois plus tard.  cultés de management de services confrontés à tant de contraintes, de difficultés et de drames.



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