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Dossier spécial : avenir du corps de commandement







           Le SCSI défend l’unification du management de la police nationale

           Il est impératif de favoriser l’ascenseur social (rappelons que 85 % des officiers de gendarmerie sont
           issus du rang) et de rapprocher les officiers et commissaires dans un grand corps de conception et
           de commandement. C’est aussi le meilleur moyen de disposer de chefs de service immédiatement
           opérationnels dans leurs fonctions. La formation initiale doit être assurée sur un même site et non
           dans deux implantations de l’ENSP distantes de 500 km.

           Parallèlement, brigadiers-chefs et majors ont vocation à être le premier maillon de la chaîne du
           contrôle  hiérarchique.  Ils  doivent  assumer  la  fonction  de  «  corps  intermédiaire  d’encadrement  »
           comme l’a formulé le ministre à l’Assemblée nationale lorsqu’il a considéré qu’« il n’y a pas assez
           de chefs, de sous-chefs et de sous-officiers, présents dans la rue avec les femmes et les hommes
           qui nous servent  ». Nombre de gradés endossent fort heureusement les responsabilités qui
           accompagnent leurs galons. Toutefois, l’augmentation du nombre de gradés n’a pas été accompagnée
           par une formation au management qui aurait permis à chacun de se positionner dans la chaîne
           hiérarchique. L’avancement et la revalorisation salariale qu’il implique doivent s’inscrire dans une
           prise de responsabilité identifiée à travers une nomenclature.

           Tous  les  observateurs le  soulignent,  « il  n’y  a  que  dans  la  police  française  que  l’on  peut  être
           commissaire à 25 ans ». C’est d’ailleurs également impossible chez les sapeurs-pompiers où l’accès
           au cadre d’emploi de conception et de direction ne s’effectue qu’en interne. Seuls le conservatisme de
           la technostructure du ministère de l’Intérieur et l’héritage de l’histoire expliquent la persistance dans
           la police d’une organisation en trois corps devenue obsolète.
           Notre projet d'unification est souvent déformé et caricaturé pour susciter la peur d'une forme
           de déclassement au sein du corps de conception et de direction. Il ne s'agit évidemment pas pour
           notre organisation d'affirmer que tous les officiers auraient dans cette hypothèse vocation à devenir
           commissaires de police. Les carrières demeureraient tributaires comme elles le sont aujourd'hui de
           l'âge de chacun et l'avancement ne saurait être automatique.

           Ce projet vise à nous rendre collectivement plus forts alors que la tempête politico-médiatique
           actuelle met en cause la manière dont la police est dirigée. Il s'agit de tirer les leçons d'un état de
           fait, commissaires et officiers étant aujourd'hui amenés à collaborer étroitement au quotidien pour
           manager les services et unités qui leur sont confiés.
           Face aux ambitions hégémoniques de la gendarmerie dont témoigne le Livre blanc de la sécurité
           intérieure, donner davantage de lisibilité et de cohérence au management de notre institution serait
           un atout indéniable.
           Un seul concours externe de recrutement à bac + 5 pour devenir cadre de la police nationale
           subsisterait, permettant aux hauts potentiels des parcours attractifs vers les responsabilités
           importantes après un passage par un commandement de terrain. C’est dans le cadre d’un débat
           apaisé, libéré des préjugés et des postures, qu’il nous faut maintenant imaginer ensemble la manière
           dont sera dirigé le service public de la sécurité de demain.





















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