Page 21 - SCSI-PN-333
P. 21
C ourrier
Vous mentionnez que ce port est illégal. Je vous rassure, ceux de lieutenant, capitaine et commandant le
sont tout autant, puisque depuis 1995, aucun texte, arrêté ou décret ne les a validés officiellement.
Puisque vous citez l'article 433-15 du code pénal, si nous suivons votre raisonnement, l'ensemble des offi-
ciers de police commettent donc, depuis 23 années, un délit. Peut-être voudriez-vous que les officiers qui
les portent, les retirent également ?
Et en quoi, pour reprendre les termes précis de l'article, le fait de porter les cinq galons panachés serait
de nature à créer une méprise dans l'esprit du public ? Cela signifie-t-il que vous estimez que tous les
lieutenants-colonels de gendarmerie ont des responsabilités supérieures à celles des commandants divi-
sionnaires de police ? Pensez-vous sincèrement que les citoyens, se sentent trompés, alors que depuis
des dizaines d'années ils ont vu des policiers porter des galons en tous points comparables à ceux des
militaires ?
Pouvez-vous affirmer que les ingénieurs des eaux et forêts ou les inspecteurs des douanes, sont plus
exposés que les commandants divisionnaires de police qui accèdent à ce grade après 25 ans de carrière
en moyenne, après avoir exercé le plus souvent, dans les zones urbaines les plus exposées. Pensez-vous
que des commandants divisionnaires, chefs de compagnie de CRS par exemple, qui commandent plus d'ef-
fectifs qu'un escadron, qui gèrent leur budget, aient moins de responsabilités qu'un lieutenant-colonel de
gendarmerie ? Savez-vous que le concours d'officier de la Police Nationale est un des plus sélectif de toute
la fonction publique avec un niveau d'étude réel de diplômes très largement supérieur à celui des officiers
de la Gendarmerie Nationale ?
Je vous rejoins sur un point : la différence notable entre Gendarmerie Nationale et Police Nationale dans
la construction de la chaîne hiérarchique. Cela pose effectivement problème dans notre maison. À ce titre,
nous mettons régulièrement en avant les qualités carrière. La gendarmerie possède un ascenseur social
sans équivalent dans les autres forces militaires ou civiles. 92 % des officiers sont issus du rang et 56 %
des lieutenants-colonels également.
Dans le corps des sapeurs-pompiers civil, la situation est comparable à celle de la police, puisque le recru-
tement s'effectue au grade de capitaine niveau master 1, avec un corps ensuite composé des grades de
commandant et lieutenant-colonel, puis un corps de direction de niveau A+ pour les grades supérieurs.
J'espère que l'ensemble de ces arguments très factuels mettront fin à cette fixation permanente sur les
seuls officiers de police. J'espère également que vous dénoncerez la nomination « secrète » des 1 300 réser-
vistes citoyens de la gendarmerie, nommés dans le secret absolu comme Alexandre BENALLA au grade
de lieutenant-colonel et colonel. Je sais que ces nominations ont généré une colère légitime parmi les sous-
officiers et officiers de gendarmerie d'active, comme ceux de la réserve opérationnelle, qui n'ont pas accès
à ces grades au même âge.
Comme je l'ai précisé dans mon discours de clôture de notre congrès statutaire, auquel a assisté le Géné-
ral Philippe REUL, nous ne voulons rien enlever à la gendarmerie. Nous demandons juste que le Ministre
attribue aux officiers les galons portés par toutes les autres forces civiles et militaires au-dessus des quatre
barrettes de commandant.
Pour les décorations, nous avons le même raisonnement, et nous avons déjà eu l'occasion de le dire au
Directeur Général de la Gendarmerie Nationale. Nous souhaitons seulement que les policiers qui exercent
des missions similaires aux militaires de la gendarmerie, puissent bénéficier aussi d'une reconnaissance
légitime dans un volume comparable. 98 % des missions exercées par la Gendarmerie Nationale sont
civiles, 2 % seulement sont militaires.
Monsieur le Président de l'association Gendarmes et Citoyens, je souhaitais porter à votre connaissance ces
quelques éléments de réflexion, en espérant-que vous compreniez enfin, qu'il ne s'agit en aucun cas d'une
provocation vis-à-vis de la gendarmerie. Vous le savez nous combattons les mêmes ennemis, nous avons
tous pour objectif d'améliorer la sécurité de nos concitoyens sur l'ensemble du territoire, nous n'avons donc
Le Secrétaire Général,
Jean-Marc BAILLEUL
aucun intérêt à opposer sur un sujet qui n'en est plus un depuis des années, dans d'autres ministères.
Octobre 2018 ⁄ n° 333 ⁄ p. 21