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E ntretien

septembre 2020 ⁄ n° 341 ⁄ p. 14 sincèrement qu’ils font ce qu’ils l’accent sur un équilibre entre vie de chaque policier, j’aimerais qu’on
privée et vie professionnelle qu’on
peuvent, avec les moyens qui sont
arrive tous à prendre de la hauteur
les leurs. Et l’on sait tous la crainte
ne le faisait avant, animés par la
par rapport à notre profession.
passion du métier. Ça n’explique
de l’IGPN dans les rangs policiers,
L’époque, et la forte critique à
ce qui est un élément témoignant
certes pas tout, le problème est
laquelle font face les policiers, a
à mon sens de son absence de
plus complexe aussi. Mais il y a un
tendance à faire en sorte que tous
complaisance envers la profession.
peu de ça. Et parfois, aussi, il ne
se replient sur eux-mêmes, que
Mais je crois que la question est
de travailler énormément pour un
aujourd’hui ailleurs : la confiance.
sorte, entre eux, entre « gens qui
résultat qui n’est pas à la hauteur
Les institutions doivent faire un faut pas se mentir, on a la sensation les policiers restent, en quelque
se comprennent ». Il me semble que
pas en avant et aller vers plus de des attentes, de l’investissement. On
transparence. parle ici de perte de sens. Toutes c’est l’inverse qu’il faudrait faire.
ces procédures qui sont traitées, Aller au-devant des autres. Écouter
Vous avez écrit le livre La PJ qui sont lourdes, et dont on sait à certaines critiques, constructives.
est-elle morte ? où vous revenez l’avance qu’elles ne donneront rien. Aller discuter avec les autres
sur une affaire exceptionnelle Il ne s’agit pas d’incriminer la Justice, professionnels. Tendre vers ce
que votre groupe a traité à la qui souffre du manque de moyens, dialogue, avec tous les métiers qui
BRB, quel est votre sentiment mais de questionner certains nous entourent. Nous n’avons pas
quant à l’avenir de la filière pans de la politique du chiffre qui tous le même positionnement, dans
investigation au sein de la police subsistent ici et là. cette chaîne de la justice. Policiers,
nationale et en particulier la PJ ? magistrats, avocats… et c’est le
L’investigation a été le premier Vous êtes également très principe même de notre justice.
« métier » de la police ayant tiré la présent sur Twitter où vous Mais on peut faire en sorte, tous,
sonnette d’alarme, il y a quelques avez été l’un des précurseurs d’être meilleurs, tout en respectant
années. C’est une filière qui, de la twittosphère policière, les autres (et ça va dans les deux
malheureusement, intéresse peu que pensez-vous de la manière sens) dans leur fonction. Je crois
les dirigeants, alors même qu’elle dont les policiers utilisent qu’il faut absolument décloisonner
est essentielle. On ne peut pas avoir aujourd’hui ce réseau social et y la police et s’ouvrir bien plus vers
une police efficace, ni une justice, interagissent avec la population ? l’extérieur.
sans des services d’investigation Je suis arrivé sur ce réseau avec la
efficaces. Pour cela, il faut leur donner volonté réelle de parler de ce que Christophe Korell tient
des moyens mais aussi sécuriser la c’était que le métier de policier,
procédure pénale. et des contraintes un blog qui revient
Il est important « les enquêteurs doivent qui étaient les régulièrement sur
de la simplifier, pouvoir se concentrer nôtres ; que chacun les questions qui font
en ce sens que sur le fond de leurs affaires, aille au-delà de l’actualité policière :
les enquêteurs sans être noyés par la gestion, ses préjugés. Je
doivent pouvoir ne voulais pas https://blog.francetvinfo.fr/
se concentrer sur la statistique, les remontées que la parole soit police/
»
d’information
le fond de leurs laissée aux seuls
affaires, sans détracteurs de la Vous pouvez retrouver
être noyés par la police. En parallèle, l’activité de l’association
gestion, la statistique, les remontées j’y ai aussi appris beaucoup de ACPJ sur acpj.fr
d’information, etc. choses des autres professions qui
ll y a un réel problème dans la entourent l’écosystème « police » et
notamment des métiers de la justice,
filière, comment expliquer sinon magistrat, greffier, avocat, ainsi que Entretien réalisé
qu’aujourd’hui, ce soient des élèves de leurs propres contraintes. C’est par Léo Moreau
gardiens de la paix sortis d’école une forme d’enrichissement que de
qui aillent dans certains SAIP, parce mieux se connaître, les uns et les
qu’il n’y a pas de volontaire dans autres.
les services ? Pourquoi ceux qui
arrivent en Police Judiciaire sont-
ils moins expérimentés que ne Avez-vous une idée que vous
l’étaient ceux qui l’intégraient il y a aimeriez mettre en avant auprès
quelques années ? Le métier fait des officiers de police qui nous
moins rêver. Mais je crois aussi qu’il lisent ?
y a un changement de génération ; Je ne saurais être « conseilleur »
ceux qui arrivent mettent bien plus mais de façon générale, et vis-à-vis