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E ntretien

« police ». Essayer de participer à Pouvez-vous en faire un premier Quelles sont les pistes qui vous
l’amélioration de cet outil s’avère bilan par rapport à l’objectif que semblent devoir être explorées
très complexe, tellement il a été mal vous aviez en tête ? pour améliorer ce lien entre
conçu dès l’origine. Un « bilan » serait prématuré, tant forces de l’ordre et citoyens ?
nous sommes encore au début de Je crois qu’il faut faire en sorte que
Quand et comment vous est ces actions. L’un de nos objectifs les citoyens, dans leur ensemble,
venue l’idée de créer l’ACPJ ? majeurs était de contribuer à s’approprient à nouveau les
Ce n’est pas, à proprement parler, déconstruire les préjugés. Ce que questions de sécurité, dans leur
moi, qui en ai eu l’idée, a minima l’on peut dire, c’est que, à chaque fois environnement, qu’ils aient voie au
nous sommes plusieurs à en être à que l’on va auprès d’une association, chapitre localement. En parallèle,
l’origine. L’association a été créée à discuter avec des citoyens, jeunes ou il me paraît important que, au-delà
partir d’un collectif qui réfléchissait pas, ils sont satisfaits de l’existence des décideurs, les chefs de service
déjà sur la thématique du rapport même de cette discussion. Et tout le de la police, tous les policiers
police/population en organisant monde apprend des choses, tant les puissent assister à des réunions
notamment des échanges entre intervenants qui nous accompagnent et être directement au contact des
des fonctionnaires de police et des que les gens qui nous font face. citoyens. Que chacun puisse avoir
citoyens. Nous avons décidé en ce dialogue, écouter, parfois les
2018 de poursuivre dans cette voie Comment analysez-vous récriminations, mais aussi expliquer
en créant l’ACPJ, tout en y intégrant l’évolution de la relation ce qu’il fait, comment, dans quelles
la Justice dont le travail s’inscrit dans police-population ces dernières limites, etc. Il me semble, aussi, qu’il
la continuité de l’action de police. années ? y a une question de confiance, à
Il me semble que la police « paie », laquelle il faut répondre.
Quelles actions menez-vous au aujourd’hui, les décisions politiques Certes, la police a une image plutôt
sein de votre association ? prises il y a 15 ans. On en a fait positive auprès d'environ 70 % de
Nous sommes principalement un instrument à usage répressif. la population (les chiffres varient un
contactés par des associations C’est évidemment utile, et même peu en fonction de l’actualité), mais
(surtout en Île-de-France, à ce nécessaire, je ne peux pas dire le il me semble fondamental d’aller
jour) qui souhaitent établir un contraire, ayant fait du judiciaire vers les 30 % restants. Je ne suis
dialogue avec des jeunes qui ont pendant 15 ans. Mais il doit y avoir, pour autant pas naïf, il y a une part
une représentation très négative de dans son activité, un équilibre qui se d’irréductibles qui n’aimeront jamais
l’institution policière. Nous tentons fait avec la prévention. Et celle-ci est la police (les délinquants d’habitude,
de mettre en place des actions absente de l’action de la police. Ou certains empreints d’une certaine
alors, là où elle peut exister, très peu
dans lesquelles nous venons à leur visible, et sans véritables moyens. idéologie politique) mais il y a une
rencontre avec des policiers, mais zone grise de personnes de bonne
aussi des personnels judiciaires foi vers lesquelles il faut aller.
(magistrats, greffiers, personnels « chaque fois que l’on va parler Il me semble également qu’il faut
des SPIP, avocats). L’objectif était avec des citoyens, jeunes réfléchir à l’externalisation des
d’établir un dialogue au cours organes de contrôle, qu’il s’agisse
duquel tout le monde peut parler, ou pas, ils sont satisfaits de la police, de la gendarmerie, ou
dire ce qu’il pense, et surtout, dans de l’existence même de cette de la justice. Il ne s’agit pas, pour
»
discussion
lequel tout le monde est écouté. moi, de dire que les personnels qui y
Ensuite, on débat. travaillent ne sont pas bons. Je crois
septembre 2020 ⁄ n° 341 ⁄ p. 13