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D éclaration préalable
Comment vous, collectivement, tous responsables RH, acceptez que les policiers soient
d’un côté sanctionnés plus lourdement et de l’autre largement moins décorés que les
gendarmes ?
Un ancien directeur général de la Police nationale livrait récemment dans la presse qu’à
l’arrivée de la gendarmerie au sein du ministère, les syndicats de police avaient pu observer
les avantages de « l’arme », et avaient parfois eu des réactions de jalousie.
Nous ne sommes pas dans une réaction de jalousie,
nous sommes dans une exigence d’équité de traitement des deux forces,
ni plus ni moins.
Nous allons être très attentifs aux demandes qui vont être faites pour décorer les poli-
ciers et gendarmes de la médaille de la sécurité intérieure, suite de la crise des « gilets
jaunes ». Nous n’osons pas imaginer qu’ils ne soient pas traités de manière égale. Nous
comptons sur votre vigilance, et plus encore, nous demandons une réponse définitive.
Réfléchir au policier et à son avenir, c’est traiter des sujets essentiels qui le concernent : le
logement, le transport, les accompagnements de mobilité, l’assouplissement de l’indemni-
taire et sa prise en compte dans le calcul des retraites, le cumul emploi/pension, le retrait
de la bonification quinquennale à des agents dont on n’avait jamais expliqué la règle du
jeu. Sur ce dernier point, au vu du cynisme démontré par l’administration depuis des
années, le SCSI a engagé des recours. Nous avions alerté, nous poursuivons notre action.
Tous ces champs de travail ouverts depuis des mois, voire des années, et qui n’avancent
pas. Que dire du courrier adressé par le directeur général de la Police nationale en
octobre dernier sur les transferts de poste de commissaires aux officiers, aux quatre
organisations représentatives des cadres ? La réunion promise n’a jamais eu lieu, pire les
postes listés pour être transférés ont été offerts à la promotion de commissaires qui sor-
tira ce vendredi ! Améliorer le quotidien d’un policier et lui permettre d’exercer avec séré-
nité son métier, c’est améliorer l’efficacité d’une institution au service de tous les citoyens.
Que dire encore du rendez-vous promis par le ministre « himself » lors de notre audience
commune avec « Synergie » le 15 janvier, pour le mois de février, et qui finalement, ne se
tiendra que le 8 juillet, soit six mois pour nous recevoir !
Je pourrais y ajouter les attentes sur la prime compensant la perte de rémunération pour
les capitaines accédant au grade de commandant, les postes de chef de service supplé-
mentaires…
La crise des « gilets jaunes » a démontré encore une fois la bonne volonté des femmes et
des hommes de cette institution. Ils ont été engagés durant de nombreux samedis, parfois
constitués en groupes, DAR ou BRAV, pour faire face aux extrémistes les plus actifs, alors
même que certains d’entre eux avaient peu d’ancienneté dans la police, encore moins de
formations et d’entraînements pour assurer ces missions sensibles.
À l’heure des comptes et des enquêtes, à l’issue desquelles certains parmi eux risquent
d’être renvoyés devant la justice, il faut ici dénoncer l’insuffisance des entraînements indi-
viduels mais surtout collectifs, l’insuffisance des formations opérationnelles, le manque
d’équipements et de moyens. En un mot, le manque criant d’ambition de l’administration.
Le livre blanc devra y remédier, de façon durable, et inscrire dans l’ADN de chaque poli-
cier de paix publique ou d’ordre public un bagage opérationnel complet pour le préparer
aux menaces qui montent sans cesse dans notre pays.
Le livre blanc permettra donc de réfléchir à la formation de nos policiers, initiale comme
continue. Faudra-t- il aller vers une académie des cadres ? Vers une académie de tous les
juin 2019 ⁄ n° 336 ⁄ p. 7