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D éclaration préalable
juin 2019 ⁄ n° 336 ⁄ p. 6 Il est temps de poser les fondements de l’acte II pour offrir un service de sécurité rénové
à nos concitoyens, qui ont besoin de voir des services publics unifiés et pacifiés.
Ce livre blanc de la sécurité intérieure, c’est aussi l’occasion de réfléchir à l’état de notre
propre institution, préalable nécessaire à cette force unique, qu’il faut regarder sans
tabous ni craintes.
Il faut entendre les policiers, de tous corps et de tous grades, qui sont en attente de chan-
gements. Ils l’ont exprimé lors de la grogne de 2016, continuant à servir sans faillir, alors
que l’institution souffre toujours des mêmes maux. Le constat est connu, les remèdes ont,
pour la plupart été suggérés, il est temps de les prescrire à notre « maison ».
Nos adhérents nous en ont donné mandat lors des dernières élections professionnelles,
à l’occasion desquelles ils ont démontré leur attachement aux syndicats avec un taux
de participation historique. Nous avons le devoir collectif de nous poser une question
simple : quelle police voulons-nous pour demain ? C’est-à-dire pour 2030 et au-delà,
comme savent le faire les militaires et les gendarmes, dont nous pouvons reconnaître le
sens tactique et l’esprit de prospection.
Il faut prendre le temps de réfléchir avec ambition, pour les générations futures, pour les
citoyens comme pour nos personnels.
Le SCSI a récemment signé une tribune avec d’autres syndicats représentatifs de tous
les corps actifs de la Police nationale, y compris avec l’un d’eux qui n’avait pourtant pas été
tendre avec les cadres durant la campagne des élections professionnelles. Nous avons été
également à l’initiative d’une intersyndicale regroupant cette fois toutes les organisations
syndicales représentatives. C’est un signal fort, celui que les temps changent.
Plus qu’une tribune, qu’une intersyndicale, c’est un avertissement, une sonnette d’alarme.
Nous invitons le pouvoir politique à prendre toute la mesure nécessaire à cet appel
d’urgence des porte-paroles des policiers de tous corps et de tous grades, qui veulent
redonner du sens à leur métier et retrouver le feu sacré que certains ont perdu.
Je dois souligner, que l’intersyndicale avec « Synergie Officiers » sur différents sujets,
malgré des divergences, s’inscrit dans une volonté commune de faire aboutir des thèmes
depuis trop longtemps sur la table.
Cette tribune, c’est aussi pour nous policiers, l’occasion de nous affirmer sur le contenu
de ce futur livre blanc de la sécurité intérieure, qui ne doit pas nous échapper. Le temps
est révolu des experts extérieurs, des sociologues, des criminologues et autres profes-
sionnels auto-proclamés de la sécurité qui, pour beaucoup, délivrent un message polé-
miste et orienté. Personne ne doit ignorer que nombre d’entre eux sont des réservistes
citoyens de la gendarmerie, comme l’était le sieur Benalla.
Le livre blanc, et l’année qui nous attend, seront donc l’occasion de construire la police de
demain, de réfléchir aux policiers et à ce qui leur est dû, aux missions et structures dans
lesquelles ils devront les accomplir.
Monsieur le Président, au-delà de la stratégie de moyen terme, il y a aussi les sujets
d’actualité, laissés dormants par l’administration. Malgré de nombreuses démarches du
SCSI, les policiers ne sont toujours pas décorés à hauteur de leur engagement et de
leurs efforts. Les inégalités entre les deux forces perdurent et ne sont ni comprises, ni
acceptables.
Nous avons sollicité à maintes reprises l’administration sur ce sujet,
sans que rien ne se produise.