Avis de manifestation historique chez les policiers de la DCRI
Il n’y aura pas de communiqué de presse, mais la nouvelle s’est répandue grâce aux bons offices du député (PS) Jean-Jacques Urvoas, sur Twitter: des policiers de la prestigieuse direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) s’apprêtent à manifester leur mécontentement, vendredi matin 16 mars, dans le hall du siège de la direction, à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Un évènement inédit pour des fonctionnaires qui évoluent tous dans le secret-défense et la plus grande discrétion.
A la manoeuvre, la section du syndicat d’officier SNOP. Pour un responsable syndical, c’est un “ras-le-bol général” qui est en cause: “Cela fait des mois que ça bout.” Des problèmes de “gestion humaine”, dans une direction où “tout est opaque”. C’est la nomination d’un commissaire sorti d’école dans l’un des services, mardi, qui a déclenché l’ire des officiers. Pour les officiers, le choix d’un commissaire débutant plutôt que l’un des leurs témoigne du manque de considération que la direction leur porte. La DCRI compte environ 140 commissaires, près de 10% de ce corps.
Le conflit entre officiers et commissaires – un classique du monde policier – a été relancé, ces dernières semaines, par la présentation au ministre d’un rapport sur une éventuelle fusion des deux corps. Le (très léger) rapport de l’Inspection générale de l’administration et de l’Inspection générale de la police nationale (composée uniquement de commissaires) rejetait tout projet de fusion – une revendication des syndicats d’officiers.
Mais le malaise vient aussi de la personnalité contestée du patron de la DCRI, Bernard Squarcini. Déjà mis en examen, en octobre 2011 par la juge Sylvie Zimmerman, dans l’affaire des fadettes des journalistes du “Monde”, M. Squarcini a récemment été mis en cause dans le livre L’Espion du président, des journalistes Olivia Recasens, Didier Hassoux, Christophe Labbé (Robert Laffont). La publication de cet ouvrage a secoué la DCRI. L’accélération de l’enquête sur le cercle Wagram, affaire dans laquelle une des proches de M. Squarcini est mise en examen, commence aussi à déranger à Levallois-Perret. “Il y a une pression médiatique”, reconnaît un responsable syndical.
La DCRI, installée à Levallois (Hauts-de-Seine), est née d’un simple décret du 27 juin 2008 qui fusionnait la direction de la surveillance du territoire (DST, le contre-espionnage) et les renseignements généraux (RG). Elle a à sa charge la lutte contre l’espionnage étranger, la “répression des actes terroristes ou visant à porter atteinte à l’autorité de l’Etat”, la “surveillance des communications”, la surveillance des individus et groupes radicaux.